Le 22 juin, le saule pleureur près du poulailler est tombé. Il a abattu le grillage et transformé le lieu des poules en une jungle soudain dense et nouvelle - désormais là depuis toujours. Une saison des pluies au mois de juin. Le temps à l’orage n’y a rien fait. Il était vieux. Le tronc par endroits sonnait creux. Nos climats sont en train de muer. L’air est lourd, tout chargé d’humidité. Ce saule pleureur avait de la majesté. Il donnait au sortir de la maison l’ombre et la fraîcheur d’un cours d’eau. Dans son aire j’aurais installé une table de jardin. Une table blanche où s’assoir et prendre un café. Ou un thé glacé. Un espace qui déjà appelle le sauvage et l’humide, entre la cours de ferme, et le pré, avec le vieux poney et le cèdre bleu qui penche drôlement. Le saule à terre, l’orée d’un lieu où s’enfoncer. On voudrait savoir quoi photographier et tout parait sans intérêt. Et puis soudain, sans avertir quelque chose, un saule à terre, appelle une prise de vue.